Etude piscicole de la Basse Vallée du Doubs

Malgré son importante richesse faunistique et la fragilité de ses différents écosystèmes, le Doubs dans sa basse vallée comprise entre Dole (39) et sa confluence avec la Saône à Verdun-sur-le-Doubs (71) ne disposait que de peu de données relatives à la qualité et aux fonctionnalités piscicoles.

Ce pourquoi, la Fédération de Pêche de Saône-et-Loire s’est portée Maitre d’ouvrage pour la réalisation d’une étude intitulée « Etude des Potentiels piscicoles et de la qualité physique du Doubs entre Dôle et Verdun-sur-le Doubs ».

Cette étude confiée au bureau d’étude Téléos Suisse, a été réalisée en partenariat étroit avec la Fédération de Pêche du Jura.

Réalisée dans le cadre du Contrat de Rivière « Vallée du Doubs et territoires associés » (Eptb Saône-et-Doubs) et financée par l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée et Corse, le Conseil Régional de Bourgogne Franche Comté, le Conseil départemental du Jura et la Fédération Nationale pour la Pêche en France, cette étude présentait deux objectifs majeurs.

D’une part, elle devait permettre d’obtenir un état initial intéressant et relativement exhaustif de la qualité physique et piscicole de la Basse Vallée du Doubs

D’autre part, elle devait permettre la définition de principe et de stratégie de restauration des milieux aquatiques de la basse vallée.

L’étude est aujourd’hui achevée et ses principaux résultats sont évoqués ci-dessous.

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État de santé et évolution des peuplements piscicoles du Doubs basal.

En novembre 2014 et juillet 2015, les Fédérations de pêche de Saône-et-Loire et du Jura assistées par le bureau d’étude Téléos Suisse, ont donc entrepris des pêches scientifiques sur 6 stations jalonnant le Doubs de Dole à Verdun-sur-le-Doubs.

Ces inventaires ont permis de caractériser l’état des ressources piscicoles ainsi que leur tendances évolutives par comparaison aux quelques données antérieures.

Ce diagnostic indique que les peuplements de poisson du Doubs dans sa basse Vallée, déjà déstructurés à la fin des années 1960, continuent à s’appauvrir et à se banaliser. Ainsi, dans les années 1990, les espèces les plus sensibles, telles que l’ombre, la truite et la lote étaient relictuelles. Depuis cette époque, leur régression s’est poursuivie jusqu’à leur quasi-disparition sur la basse vallée. De même des espèces moins exigeantes comme le barbeau et la vandoise sont elles aussi en cours de régression. Enfin l’abondance des poissons carnassiers (brochet et sandre) est désormais très limitée.

Les causes de la régression des potentiels piscicoles.

La caractérisation des mosaïques d’habitat et des biotopes, combinée avec les analyses thermographiques (ensemble de données recueillies pour l’étude) révèlent que les causes de la banalisation des peuplements piscicoles  sont à la fois d’ordre physique (habitat) et chimique (qualité eau).

 Incision et banalisation du chenal/assèchement et envasement des bras morts

La chenalisation et les extractions industrielles de granulats entreprises entre la fin des années 1950’ et des années 1980’ont profondément altéré les habitats piscicoles. Ces travaux, n’ont pas simplement conduit à une destruction temporaire des fonds de la rivière. Ils ont modifié profondément le fonctionnement de l’écosystème Doubs en provoquant l’amplification des phénomènes d’érosion et d’incision du lit (par augmentation des pentes, des vitesses de courant et donc de l’énergie hydraulique).

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Berge du Doubs très érodée – lit incisé – absence d’abris en berge

Ainsi, concernant le Doubs entre Dôle (39) et Navilly (71), les vitesses de courants sont devenues importantes dans le chenal, ce qui a eu pour conséquence d’entrainer un fort transport des galets et graviers empêchant le développement des herbiers et limitant l’hospitalité de ces substrats pour la faune aquatique.

Tout ceci s’est traduit aussi par un enfoncement et un élargissement du lit d’étiage du Doubs qui ont eu pour conséquence :

– un abaissement du niveau de la nappe entrainant une réduction des réserves en eaux en été et une augmentation des températures estivales
– et un assèchement des annexes hydrauliques (bras mort, zones humides).

A cela il convient de rajouter l’absence presque totale de bois mort ou de végétation rivulaire connective structurant le lit mineur (absence de cache et abris).

 En aval de Navilly (71) jusqu’à la confluence avec la Saône, sur le Doubs « navigable », les altérations sont quelque peu différentes. Sur cette portion, la rivière s’apparente aujourd’hui à un large canal, très uniforme, profond et stable et finalement peu propice au développement d’une faune piscicole riche et diversifiée.

 Pollution chimique

Le Doubs n’est malheureusement pas épargné non plus par les problèmes de qualité des eaux.

Ainsi, sur les stations en aval de Dôle (Crissey et Molay – partie Jurassienne) alors que l’habitat semble moins altéré, il subsiste néanmoins une banalisation forte de la faune piscicole. Il est plus que probable que cela puisse s’expliquer par des problèmes de pollution chimique des eaux (pollution organique).

Parallèlement, les suivis chimiques pilotés par l’agence de l’Eau RMC sur les stations de Gevry et de Saunières montrent que le Doubs basal est contaminé par des pesticides.

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Stratégie pour une restauration du Doubs

Depuis l’arrêt des pratiques d’extraction, une partie des fonctionnalités du Doubs dans sa basse vallée sont en cours de reconstitution « spontanée » grâce à la recharge en granulat autorisée par les importants phénomènes d’érosion de berge.

Néanmoins, la vitesse de réajustement morphologique pourrait prendre trop de temps (plusieurs centaine d’années) et ne pas être compatible avec le maintien des espèces aquatiques les plus sensibles. De plus ces phénomènes importants d’érosions de berges engendrent des conflits d’usages et ne sont pas bien tolérés par les riverains.

Aussi l’étude propose d’autres pistes d’actions pour enrayer l’altération des habitats liés à l’incision, l’enfoncement et l’élargissement du chenal.

Ces pistes d’actions s’orientent autour des 3 grands axes principaux.

Ainsi, il conviendrait de rehausser les niveaux d’étiages et des nappes en favorisant le rehaussement d’au moins 20 à 40 cm du fond du chenal du Doubs à l’amont et à l’aval des bras morts d’intérêts majeurs. Pour ce faire l’implantation de semelle de fond en damier judicieusement disposée pourrait être envisagée.

Dans le même temps, il serait nécessaire de restaurer les capacités biogènes des bras morts et des franges humides du Doubs en reconnectant les mortes du Doubs à l’amont comme à l’aval et en envisageant leur remodelage en escalier ménageant des pentes douces. En aucun cas, ces milieux ne devraient être restaurés en abaissant leurs niveaux topographiques actuels sous peine de contribuer encore à épuiser les nappes en périodes estivales.

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Bras mort du Grand Paquier–Bras mort du Doubs, restauré par la Fédération en 2010 et 2011

Enfin pour améliorer l’hospitalité biogène du chenal en favorisant la diversification de la granulométrie des fonds, en ménageant d’avantage de caches et en ralentissant ponctuellement le transport des gravier-galets sans l’entraver deux types d’actions pourraient être envisagées :

– l’encrage de bois morts pour constituer des embâcles artificiels fixés,
– et l’édification d’amas de blocs en quinconce à très forte granulométrie.

 Bien évidemment, pour parfaire la restauration du Doubs dans sa partie basse, il serait aussi important d’envisager un travail sur la qualité de l’eau.

Pour donner suite à ces premiers travaux d’études, la Fédération de Pêche de Saône-et-Loire va s’attacher dès cet été à réfléchir à quelles actions elle pourrait porter concrètement d’ici 2 à 3 années pour contribuer à améliorer des fonctionnalités piscicoles du Doubs.

L’ampleur des actions à entreprendre étant particulièrement conséquente, il est important que d’autres acteurs institutionnels s’engagent dès aujourd’hui pour la restauration du Doubs

Pour toutes personnes désireuses de connaitre l’intégralité de ces travaux d’études nous partageons ici le rapport en basse résolution et la note de synthèse de l’étude.

Synthèse de l’étude piscicole de la Basse Vallée du Doubs

Rapport piscicole de la Basse Vallée du Doubs en basse résolution (Téléos Suisse 2016)