No kill Méchet

En 2011, pour l’ouverture de la pêche à la truite, le premier parcours pêche à la mouche en « no kill » du département de Saône-et-Loire a vu le jour sur le Méchet à la Grande Verrière (71).

Cette démarche a été initiée et réalisée par l’Association Agréée pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique d’Autun (Union Gaule Autunoise & Pêcheurs Morvandiaux : http://uniongauleautunoise.fr/).

Sur ce parcours spécifique, seule la pêche à la mouche est autorisée et tout pêcheur a l’obligation de relâcher dans leur milieu naturel les truites capturées.

Ce parcours a été créé pour offrir aux pêcheurs du secteur et d’ailleurs un site spécialement dédié à la pêche à la mouche en milieu naturel sur une rivière de 1ere catégorie piscicole du Morvan.

Le Méchet à la Grande Verrière
Le Méchet à la Grande Verrière

Il n’existe actuellement dans le Morvan aucun autre parcours de ce type. Certes, certains réservoirs empoissonnés en salmonidés permettent aux pêcheurs à la mouche de s’adonner à leur loisir préféré, mais le parcours « no kill » mouche du Méchet à la Grande Verrière est le seul produit halieutique du secteur a offrir un linéaire de pêche spécialement dédié à la mouche en rivière sur des poissons sauvages.

Ce projet s’inscrit donc pleinement dans une démarche de modernisation et de valorisation de la pêche à la truite en Morvan. L’intérêt et l’attrait pour de tels secteurs étant actuellement démontré, ce projet est aussi un moyen de développer le tourisme pêche en Morvan.

Actuellement ce projet respecte et met en avant les peuplements naturels du Méchet puisqu’à ce jour (depuis la création du parcours no kill) aucun empoissonnement n’a été entrepris sur le site. La qualité d’une saison de pêche est donc étroitement liée au bon déroulement du cycle écologique de la truite (éclosion, croissance, reproduction). Les peuplements piscicoles en place sont aussi étroitement dépendants de la qualité du milieu aquatique.

Ces conditions naturelles peuvent être limitantes et contraindre les captures par les pêcheurs, mais la Fédération de Saône-et-Loire pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique tient à maintenir une gestion de type patrimoniale (sans alevinage) sur le Méchet, rivière de première catégorie où subsiste un grand nombre d’espèces sensibles (truite fario, chabot, lamproie de planer, moule perlière).

Cette volonté s’inscrit dans un double objectif. D’une part nous ne souhaitons pas venir perturber un fonctionnement naturel, même si ce dernier peut ne pas être optimal et d’autre part nous souhaitons conserver un produit pêche axé sur des poissons sauvages.

Truite du Méchet
Truite du Méchet

La création de ce parcours « no kill » truite, réservé à la pêche à la Mouche, s’est accompagné d’un suivi piscicole complet pour déterminer si sur le Méchet la mise en place d’une telle gestion pouvait avoir des incidences sur les abondances et les caractéristiques principales (classe d’âge, taille) de la population de truite commune.

Aussi lors des années 2011, 2012 et 2013 sur trois stations d’étude, des inventaires piscicoles, des mesures d’habitat et l’étude du métabolisme thermique ont été entrepris.

Le travail a été réalisé à la fois sur le parcours no kill ainsi que sur deux stations test, situées l’une à l’amont immédiat du parcours et l’autre 1 à 2 kilomètres plus en aval.

Il a ainsi été possible de mieux appréhender le peuplement piscicole du Méchet, l’état de sa population de truite et enfin de mesurer concrètement les bénéfices ou non (sur le plan écologique) de la mise en place du parcours no kill.

L’ensemble des mesures et de l’analyse des données existantes a permis de démontrer que le Méchet offrait une qualité d’eau tout à fait correcte et à priori non pénalisante pour la faune piscicole y compris la truite fario.

Sur le plan des habitats, même s’il nous faudra venir conforter et confirmer nos premières observations ce dernier ne semble pas être un facteur limitant pour le développement d’une population de truite commune. Bien au contraire, la qualité et la diversité des faciès d’écoulement, les quantités d’abris et la nature plutôt grossière du substrat nous semble tout à fait indiqué pour le développement optimal d’une population de truite commune.

Les conditions météorologiques et hydrologiques des étés 2011, 2012 et 2013 n’ont pas été extrêmement limitantes pour les truites fario. Les débits ont souvent été plus élevés qu’à la moyenne et il n’y a pas eu d’épisodes caniculaires. Pour autant certaines périodes ont été assez chaudes, principalement lors de l’été 2013.

Les conditions météorologiques et hydrologiques des hivers (entre 2010 et 2013) n’ont pas toujours été favorables à un bon recrutement en truitelle. Comme nous avons pu le développer dans l’étude, le froid du mois de février 2012 associé à un étiage marqué a certainement anéanti une partie du frai des truites lors de la période de vie sous gravier. De même les débits relativement important de la fin d’hiver 2013 ont pu entrainer une partie des alevins tout juste émergeants. Ces deux épisodes caractéristiques ont nécessairement contraint les abondances de truite fario à l’échelle du bassin du Méchet.

Enfin pour terminer sur les variables environnementales, il convient d’évoquer le paramètre le plus pénalisant que nous avons pu clairement identifier et mesurer. Sur le Méchet lors des étés 2011, 2012 et 2013, la température de l’eau est un paramètre limitant majeur.

 En effet, le métabolisme thermique du Méchet est bien souvent trop élevé. A plusieurs occasions, le seuil instantané des 24°C (proche du seuil létal de la truite fario : 25°C) a été atteint en 2011. Aussi, l’amplitude thermique journalière sur le parcours no kill atteint entre 6 et 8°C. De telles variations journalières peuvent entrainer des phénomènes de stress physiologique chez les organismes les plus sensibles dont les juvéniles de truite fario. De plus le seuil de stress physiologique des 19°C (température instantanée) au-delà duquel la truite cesse de s’alimenter est dépassé assez fréquemment sur le Méchet. Pour finir, la valeur de référence appelée moyenne des températures moyennes de 30 jours consécutifs les plus chaud dépasse assez nettement le seuil critique des 17°C ce qui n’est pas sans incidence sur le développement des juvéniles de truite fario.

Le paramètre thermique explique pour beaucoup la qualité du peuplement piscicole du Méchet. Si sur le Méchet se développe des espèces d’eau froide classiques de la zone à truite (truite fario, chabot, lamproie de planer, vairon), il se développe aussi des espèces opportunistes peu sensibles d’eau chaude telles que le goujon et surtout le chevesne. Mais il se développe aussi des cyprinidés sensibles mais inféodés aux eaux chaudes tels que le barbeau fluviatile ou le spirlin. L’apparition de ces espèces ne trompe pas. Elles sont souvent le premier signe d’un réchauffement des eaux et donc d’une altération des fonctionnalités salmonicoles.

Cette altération des fonctionnalités salmonicoles se manifeste sur le Méchet par des abondances de truite plutôt faibles comparées aux références départementales et nationales. En raison, en grande partie, des perturbations thermiques, les alevins sont peu nombreux sur le Méchet. De même, les densités de poissons adultes (supérieur à 18 cm) restent globalement inférieures aux références des cours d’eau du Morvan, même si certaines années elles peuvent sur certains secteurs s’en approcher. Enfin le Méchet n’abrite pas de quantités très importantes de « gros poisson » (supérieur à 23- 25 cm). Mais sur ce dernier point la situation est à relativiser au regard des autres cours d’eau salmonicoles du département.

Les observations qui viennent d’être énoncées sont valables aussi bien sur les stations références (amont et aval du parcours sans panier) que sur le parcours no kill.

De même, depuis la création du parcours no-kill, nous n’avons pas constaté sur le parcours d’augmentation des abondances de truite commune et d’augmentation significative des tailles des individus.

Pour conclure, il semble évident que la quantité et la qualité des peuplements piscicoles du Méchet et principalement celui de la truite commune sont étroitement liées aux conditions du milieu. Ces conditions étant quelque peu limitantes pour le développement d’une population de truite commune (métabolisme thermique excessif), toute mesure de gestion halieutique (mise en réserve, alevinage, parcours no-kill…) ne peut avoir d’effets certains sur les abondances de truite fario. Dans la plupart des cas, ces mesures n’auront même aucun effet tant que le problème thermique n’aura pas été résolu.

 Voilà pourquoi, il nous semble aussi très important de ne pas envisager d’alevinage sur le parcours.

Pour obtenir des abondances de truite fario plus importantes sur le Méchet, il serait nécessaire d’agir massivement en faveur du développement de la végétation rivulaire (ripisylve), gardien de la fraicheur des eaux. Agir sur l’habitat est beaucoup plus efficace, faut-il encore pouvoir agir à de grandes échelles.

De très nombreux linéaires de ruisseaux affluents du Méchet font face à une absence de ripisylve ou à une ripisylve très dégradée.

Notre Fédération, soucieuse de cette problématique, a déjà engagé des travaux de restauration de la végétation rivulaire sur les ruisseaux des Vernottes, affluent majeur du Méchet. C’est un premier pas qu’il serait nécessaire de poursuivre mais sans l’accord massif des propriétaires et exploitants riverains à cette mesure, la poursuite de ces travaux est délicate.

Mais le parcours de pêche à la truite à la mouche en no-kill sur le Méchet n’a pas été institué pour des raisons écologiques. Il a d’abord été mis en place pour proposer un nouveau produit pêche en milieu naturel. En ce sens, ce parcours répond aux attentes de nombreux pêcheurs et permet de développer le tourisme dans le secteur de la Grande Verrière.

 Développer le tourisme pêche, en proposant un produit axé sur des poissons naturels, nous semble la solution la plus juste et la plus respectueuse pour l’écosystème Méchet.

 Aussi nous pensons qu’il est important de maintenir la pratique de la pêche à la mouche en no kill sur ce parcours tout en privilégiant une gestion de type patrimonial (sans déversement).

POUR TÉLÉCHARGER LES ÉTUDES COMPLÈTES SUIVRE CE LIEN : Mechet_suiv 1ere : annee_2011

Mechet_suivi 3ème_annee_: 2013