Bilan 2021 du suivi de la reproduction du brochet

Depuis quelques années, la Fédération réalise en période printanière un suivi de la reproduction du brochet. Pour cela, des pêches électriques sont réalisées au sein des frayères à brochet pour vérifier la présence de juvéniles de brochet de l’année.

L’objectif de ce suivi est de suivre l’efficacité des travaux de restauration des frayères à brochet ou d’évaluer la fonctionnalité d’une zone humide pour la reproduction du brochet dans le but de proposer des actions de restauration.

En 2021, ces inventaires ont été réalisés sur 21 zones humides. Les résultats ne sont pas bons dans la vallée de la Seille et de la Saône puisque des juvéniles de brochets ont été observés sur seulement 2 des 13 zones humides inventoriées dans ce secteur : la frayère du Port à Ormes et le Bief Colas à Jouvençon.

Dans le bassin de l’Arroux, les résultats sont un peu meilleurs avec des juvéniles observés sur 3 des 8 frayères inventoriées : le bras mort du Gué Léger à Paray-le-Monial, le bras mort du Chambon à AUTUN et la frayère des Chaintrés à Etang-sur-Arroux. Dans cette dernière zone humide, louée par la Fédération, ce sont environ 250 brochetons piégés qui ont été capturés et remis dans l’Arroux à proximité immédiate.

Ces résultats mitigés s’expliquent probablement par les conditions hydrologiques qui n’ont pas été favorables cette année avec une seule crue en février puis des niveaux d’eau extrêmement bas au cours des mois de mars et d’avril.

Cependant, sur la Seille et certains secteurs de Saône, les mauvais résultats se répétant chaque année, y compris sur des zones humides présentant des caractéristiques favorables au brochet, les conditions hydrologiques et météorologiques ne peuvent à elles seules expliquer ces dysfonctionnements. Sur ces deux cours d’eau, il apparait assez clairement que la qualité morphologique n’est pas optimale pour cette espèce. Ainsi, le manque d’herbiers, des habitats peu diversifiés sur ces cours d’eau largement aménagés pour la navigation sont autant de facteurs pouvant expliquer la diminution des populations.

Par ailleurs, les élévations importantes de la température de l’eau en période estivale apparaissent aussi comme étant défavorables au brochet dans la Seille. Ainsi, les valeurs de température mesurées sur la Seille à Brienne au cours de l’été 2019 où le seuil des 30 °C a été dépassé au cours de l’été, mais aussi en 2020 où la température de l’eau a approché 29 °C sont pénalisantes pour cette espèce, aussi bien au stade juvénile qu’au stade adulte.

Des projets de restauration de zones humides envisagés sur la Saône

Cette étude a aussi permis de compléter les connaissances piscicoles sur trois zones humides situées le long de la Saône, sur lesquelles des projets de restauration sont envisagés par l’EPTB Saône-et-Doubs dans le cadre du Contrat de rivière Saône. Les zones humides concernées sont la zone humide du Pâquier à les Bordes, la zone humide du pont de Thorey à Gigny-sur-Saône et le bief Triot à Ecuelles. Ces projets devront faire l’objet d’une concertation et d’une validation par les collectivités locales et les agriculteurs exploitant les parcelles concernées.

Une reproduction complexe

Le brochet est un poisson qui a besoin de conditions très particulières pour pouvoir se reproduire. En effet, contrairement aux autres carnassiers comme la perche ou le sandre, qui déposent leurs œufs sur n’importe quels végétaux ou graviers à proximité de leur zone de résidence habituelle, le brochet, lui, doit effectuer une migration afin de trouver lieux propices à sa reproduction, les prairies inondées. Ces frayères se situent généralement sur les zones inondables des bords de rivières où la végétation terrestre est abondante. Pendant les crues, elles sont recouvertes de 20 cm à 1 m d’eau pendant environ deux mois. La végétation assure alors le rôle de support pour les œufs, de protection des larves et, associée à un bon ensoleillement, de producteur de plancton. Ces sites sont généralement à sec en été, ce qui permet le développement d’herbes terrestres.

Cette étude a pu être réalisée grâce au soutien financier de l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée & Corse et de la Fédération Nationale pour la Pêche en France.