L’étang des Cloix : le projet toujours bloqué par les services de l’Etat

Il y 5 ans, en décembre 2011, la Fédération de Saône-et-Loire pour la pêche et la protection du milieu aquatique, la ville d’Autun et l’AAPPMA « Gaule Autunoise & Pêcheurs Morvandiaux » ont eu l’idée de créer un réservoir de  pêche à la mouche à Autun, sur l’étang des Cloix, un plan d’eau de 3.7 ha hectares propriété de la commune d’Autun.  A l’époque, personne n’imaginait que plus de 5 années plus tard, le projet n’aurait toujours pas émergé …. La Fédération souhaite aujourd’hui expliquer aux pêcheurs la situation actuelle et les raisons du blocage de ce projet.

Un projet bloqué dès son émergence par les services de l’Etat :

Dès février 2012, alors qu’aucun dossier présentant le projet n’avait encore été présenté, la mairie d’Autun recevait un courrier de Madame la Sous-Préfète d’Autun indiquant la sensibilité du plan d’eau par rapport au projet et conseillant de trouver un autre site de pêche. En effet, l’étang des Cloix est aussi une réserve d’eau potable pour la ville d’Autun et que toutes les précautions doivent effectivement être prises pour préserver la qualité de cette ressource.

La Fédération et la ville d’Autun ont donc missionnés deux bureaux d’études pour, d’une part définir précisément le projet et les aménagements nécessaires, et d’autre part pour évaluer les impacts du projet sur la ressource en eau potable et identifier les éventuelles mesures correctives à mettre en œuvre pour limiter ces impacts.

Ces études ont montré que la qualité de l’eau de l’étang des Cloix était loin d’être optimale avec notamment la présence de cyanobactéries potentiellement toxiques. Par ailleurs, elles ont permis de démontrer que le projet ne présentait pas de risques d’altérer davantage la qualité de l’eau. Malgré tout, différentes mesures ont été proposées afin de prendre un maximum de précautions :

–          les pêcheurs devront obligatoirement s’inscrire au préalable pour pouvoir pêcher ; en cas d’infractions les pêcheurs seront définitivement exclus du réservoir. Ils seront au moment de l’inscription informé sur la sensibilité du site,

–          le nombre d’inscription est limité à 15 pêcheurs simultanément,

–          un contrôle quotidien des pêcheurs sera effectué par une personne spécialement embauchée et  assermentée pour la police de la pêche,

–          une barrière électrique sera mise en place sur la route d’accès à l’étang au niveau d’un parking situé à une distance de 600 m. Il s’agit d’une part de bloquer les accès aux véhicules motorisés et d’autre part de les faire stationner en dehors des périmètres de protection des captages d’eau potable,

–          pour éviter la mise en suspension des sédiments dans l’eau, la pêche en marchant dans l’eau ne sera pas autorisée. Des pontons seront aménagés pour permettre aux pêcheurs d’avancer sur le plan d’eau,

–          la pêche en barque sera possible à l’aide d’embarcations déjà présentes sur place et accessible depuis un ponton. Aucune motorisation ne sera autorisée sur les barques (rames uniquement).

–          les différents pontons seront réalisés en bois non traités.

–          un bloc sanitaire sera installé à proximité du plan d’eau mais en dehors des périmètres de protection du captage d’eau potable.

Malgré toutes ces mesures, le projet s’est heurté aux avis négatifs de l’hydrogéologue agréé et de l’Agence Régionale de Santé.

Pêcheur à la Mouche à l'étang des Cloix - Crédits photo : Olivier Léger
Pêcheur à la Mouche à l’étang des Cloix – Crédits photo : Olivier Léger

Un avis incompris

En 2016, grâce à l’appui sans faille de la commune d’Autun et en accord avec le Syndicat Mixte de l’Eau Morvan Autunois Couchois (SMEMAC), un dossier loi sur l’eau a été déposé à la Direction Départementale des Territoires (DDT) par la commune en vue d’une demande d’un changement de statut du plan d’eau. Cette étape est indispensable car le classement actuel du plan d’eau en eau libre de 1ère catégorie piscicole impose la fermeture de la pêche à la truite durant la période où les réservoirs de pêche à la mouche sont ouverts.

Sans surprise, les services de l’Agence Régionale de Santé consultés par la DDT se sont opposés à ce changement de statut.  Dans la réponse apportée par la DDT, il est indiqué que « l’ARS a émis un avis défavorable […]. Ce service considère que les aménagements envisagés (déboisage des berges, sanitaires, pontons, …) et l’augmentation inévitable de la fréquentation du site vont augmenter sensiblement sa vulnérabilité et sont incompatibles avec la nécessité de préserver la qualité des eaux. »

L’argumentation utilisée par l’ARS a été totalement incomprise par les porteurs du projet. En effet, dans le dossier loi sur l’eau déposé, il n’est pas envisagé de déboisage de berges. Au contraire le boisement d’une partie des berges du plan d’eau constitue pour les pêcheurs un atout important de la qualité paysagère du site. De plus, l’installation de sanitaires ne constitue pas un risque pour le plan d’eau, mais au contraire une mesure permettant d’éviter les risques de contaminations, et ce d’autant plus qu’ils seront installés en dehors des périmètres de protection envisagés. De même, l’installation des pontons de pêche ne constituera aucun risque de pollutions, puisqu’ils seront réalisés en bois non traités. Enfin, concernant l’augmentation de la fréquentation du site, les différentes mesures listées précédemment empêchent tout risque de contamination (parking des pêcheurs 600 m en aval du plan d’eau, limitation des inscriptions, sanitaires, …). Dès lors, la Fédération de pêche s’interroge sur le bien-fondé de l’argumentation développée par l’ARS.

La vraie / fausse solution proposée par la DDT ?

La DDT, organisme en charge de l’instruction du dossier loi sur l’eau, semble dans son courrier proposer une solution de compromis : abandonner l’usage eau potable sur ce plan d’eau, sachant que les prélèvements d’eau y sont relativement modestes et que la ressource en eau de la ville d’Autun est désormais sécurisée grâce à un raccordement avec le plan d’eau du Pont-du-Roi. Néanmoins, dans le même courrier, la DDT évoque les risques que l’activité pêche pourrait causer sur une autre ressource d’eau potable souterraine – la galerie des Cloix – située 150 m en aval du plan d’eau. Un nouvel avis de l’hydrogéologue agréé et de l’ARS serait donc nécessaire, mais au vu des avis précédents, il y a un risque fort d’être dans une nouvelle impasse.


La pêche, une activité polluante ?

Jamais avant ce projet, la pêche en Saône-et-Loire n’avait été à ce point été considérée comme une activité polluante. On aurait aimé avoir le détail des risques évoqués par l’ARS (quel paramètre chimique risque d’être impacté par l’activité ?) mais aucune précision n’est apportée dans son argumentation. L’opposition de l’ARS n’est donc aujourd’hui pas comprise par les représentants des pêcheurs. Rappelons que la totalité des autres réservoirs d’eau potable de Saône-et-Loire sont aujourd’hui pêchés sans que cela n’ait jamais eu de répercussions négatives sur la qualité de l’eau.

A l’heure actuelle, on ne sait pas si le projet sera ou non abandonné et il est certain que la Fédération de pêche et l’AAPMA locale respecteront les choix de l’Etat. Toutefois, il restera une certaine amertume quant à l’idée que se fait l’administration de notre loisir… D’autant que ce projet est très attendu par toute une catégorie de pêcheur mais aussi par certains acteurs économiques locaux (magasins de pêche, restaurateurs, hébergeurs, pisciculteurs, …).

Le projet de pêche à la mouche à l’étang des Cloix

Le projet consiste à réserver l’étang des Cloix à la pêche des salmonidés (truite arc-en-ciel principalement) à la mouche fouettée. La pêche à la mouche se pratiquera depuis les berges du plan d’eau entre les mois d’octobre et de mars. Les berges du  fond de l’étang seront exclues du parcours car trop difficile d’accès (zone tourbeuse). Néanmoins, compte-tenu de la taille réduite du plan d’eau et du nombre de places limitées en berge, la pêche pourrait aussi être pratiquée en barque, afin d’utiliser pleinement le plan d’eau et d’offrir aux pêcheurs cette possibilité de pêche peu courante. Chaque pêcheur aura la possibilité de garder 1 ou 2 poissons par jours. Les autres poissons capturés seront remis à l’eau par les pêcheurs. Les salmonidés  seraient issus de piscicultures sélectionnées rigoureusement pour la qualité des poissons produits. Des empoissonnements réguliers seraient réalisés pour compenser les prélèvements.

Ce projet permettra de compléter l’offre de loisirs nature (randonnées, vtt, trail, escalade,…) déjà proposée dans la forêt de Montmain. Il constituera aussi un atout supplémentaire pour le développement touristique de l’autunois. Des retombées financières sont attendues notamment chez les restaurateurs, les hébergeurs et les magasins de vente d’articles de pêche.