Restauration d’un petit ruisseau à écrevisse pieds blancs

L’écrevisse à pieds blancs est une espèce originaire de notre territoire. Autrefois très rependue dans les cours d’eau Français, ses populations sont aujourd’hui en très forte régression.

Sur notre département, l’espèce est encore présente sur de nombreux cours d’eau mais ses populations se retrouvent cantonnées aux parties les plus amonts des ruisseaux. Les zones de source et les tous petits ruisseaux (largeur inférieure à 1 mètre, profondeur moyenne de 5 à 10 cm) abritent parfois encore l’espèce. Les populations sont très souvent isolées, morcelées et peu abondantes. Ce pourquoi nous étudions fréquemment l’espèce et essayons de sensibiliser à sa nécessaire protection (inventaire, étude, proposition d’actions de restaurations…).

ecrevisse à pattes blanches
Écrevisses à pattes blanches

 

La raréfaction de l’espèce s’explique par différents facteurs :

  1. – Les travaux hydrauliques en rivières (les curages et les recalibrages entraînant la destruction complète des substrats et des habitats).
  2. – Le drainage des zones humides et des zones de sources (entraînant  l’amplification des sécheresses).
  3. – Les pratiques agricoles (destruction des berges par le piétinement des bovins, utilisation de produit phytosanitaire et altération de la qualité de l’eau).
  4. – L’exploitation forestière (débardage et plantation intensive de forêt de résineux entraînant l’érosion des versants et l’altération de la qualité de l’eau).
  5. – La multiplication du nombre d’étangs (réchauffement de l’eau, évaporation et perte d’eau pour les ruisseaux, apport d’espèces non désirées).
  6. – Les pollutions volontaires ou accidentelles.
  7. – Les événements climatiques (sécheresse).

 

Aujourd’hui l’apparition de nombreuses espèces d’écrevisses  exotiques fragilisent encore plus les populations d’écrevisses à pieds blancs. Parmi ces espèces exotiques on peut évoquer l’écrevisse américaine, l’écrevisse de Louisiane et l’écrevisse de Californie. Toutes sont des vecteurs de maladies, toutes  présentent un pouvoir de reproduction plus important et induisent de la compétition écologique pour la nourriture et les abris.

 

Écrevisse signal
Écrevisse signal, une menace pour l’écrevisse à pieds blancs

 

Suite à nos différents travaux d’études et aux recommandation qui en découlent, le Syndicat Mixte d’Aménagement de l’Arconce et de ses Affluents  a entrepris des travaux pour protéger la population d’écrevisse à pieds blancs d’un petit ruisseau des têtes de bassin versant de la Semence. Avec l’accord des agriculteurs locaux, le ruisseau a été protégé du piétinement bovin par la pose d’une clôture.

 

Ruisseau du Champ Jeandin

 

Travaux sur le ruisseau du Champ Jeandin
Travaux sur le ruisseau du Champ Jeandin

 

Ainsi protégé, le ruisseau devrait retrouver une végétation rivulaire ; source d’ abris, de nourriture et de protection contre le réchauffement de l’eau. De même, les écrevisses et leur habitat ne seront plus piétinés par les bovins.

 

L’écrevisses à pieds blancs est très exigeante sur le plan écologique. Aujourd’hui, elle ne subsiste que sur les portions les plus isolées des bassins versant de Saône-et-Loire. Grace à la pérennité de certaines sources et certains ruisseaux, l’espèce parvient à se maintenir malgré la répétition des sécheresses. En protégeant les populations d’écrevisses à pieds blancs, on protège nos milieux aquatiques et leur biodiversité, tout en se souciant de la ressource en eau (qualité et quantité).

 

Travaux sur le ruisseau du Champ Jeandin

 

Peu de travaux sont encore entrepris sur les ruisseaux des têtes de bassin versant alors qu’ils sont essentiels aux fonctionnements de tous nos milieux aquatiques et qu’ils abritent une biodiversité menacée à très court terme.

 

N’oublions pas que les petits ruisseaux font les grandes rivières.